Location-accession : quels travaux peut entreprendre le locataire pendant la période de jouissance ?

L'Equipe de rédaction

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L'intérieur d'un grand appartement rénové

La location-accession, cette formule hybride entre la location et l’achat, séduit de plus en plus de ménages désireux d’accéder à la propriété sans brûler les étapes. Le principe en est connu : d’abord locataire, l’accédant peut, à l’issue d’une période dite de jouissance, devenir propriétaire du logement qu’il occupe. Cette période transitoire, qui peut durer plusieurs années, soulève toutefois une question souvent négligée : que peut-on faire, ou ne pas faire, dans un logement dont on n’est pas encore pleinement propriétaire ? Entre liberté d’usage et prudence juridique, le statut du locataire-accédant reste encadré par la loi et par les clauses du contrat.

En résumé

Pendant la période de location, le locataire-accédant peut :

  • effectuer tous les travaux d’entretien courant ;
  • réaliser des aménagements légers et réversibles sans autorisation expresse ;
  • entreprendre des améliorations substantielles uniquement avec accord écrit du vendeur ;
  • s’abstenir de toute transformation structurelle tant qu’il n’a pas levé l’option d’achat.

Les grosses réparations relèvent du vendeur, la responsabilité de l’entretien quotidien revient à l’accédant.

Un droit d’usage étendu, mais non absolu

Pendant la période de jouissance, le locataire-accédant occupe le logement comme s’il en était le titulaire exclusif. Il y vit, l’entretient, y installe ses meubles et y façonne son cadre de vie. Mais juridiquement, il ne détient qu’un droit d’usage, non un droit de propriété. Le bien appartient toujours au vendeur – qu’il s’agisse d’un promoteur, d’un bailleur social ou d’un particulier.

La loi du 12 juillet 1984, qui encadre la location-accession, prévoit que le locataire-accédant doit « user du bien en bon père de famille ». Cette formule, héritée du droit civil, signifie qu’il doit se comporter comme un occupant raisonnable : ni négligent, ni intrusif. En pratique, cela implique d’assurer l’entretien courant du logement, de prévenir les dégradations et de veiller à son bon usage.

C’est ici que se dessine la frontière essentielle : le locataire-accédant peut entreprendre les travaux nécessaires à l’entretien ou à la sécurité du logement, mais pas ceux qui en modifieraient la structure ou la destination.

L’entretien courant, un devoir quotidien

La part locative de la redevance que verse le locataire-accédant s’apparente à un loyer ; elle lui confère donc les mêmes obligations qu’un locataire classique. Il doit prendre à sa charge les réparations dites « locatives » ou « courantes ».

Le décret du 26 août 1987, qui précise la nature de ces réparations, peut être utilisé à titre indicatif. Il énumère notamment :

  • l’entretien des sols, murs et plafonds ;
  • le remplacement des joints, poignées, interrupteurs, prises, ampoules ;
  • la remise en état des volets, vitres ou portes endommagés par l’usage ;
  • la maintenance des installations de chauffage, d’électricité et de plomberie dans leurs parties accessibles.

Autrement dit, toutes les interventions liées à la vie quotidienne du logement incombent à l’accédant. Ces dépenses ne lui seront pas remboursées, même s’il renonce à acheter le bien à la fin de la période locative.

Un intérieur avec de grandes fenêtres et un poêle à bois

Les grosses réparations, responsabilité du vendeur

À l’inverse, les travaux lourds – ceux qui concernent la structure, la toiture, les murs porteurs, les canalisations encastrées, les équipements collectifs – restent à la charge du propriétaire-vendeur. Cette distinction découle du principe selon lequel la propriété emporte l’obligation de conserver la chose.

Si, pendant la phase locative, un sinistre survient ou qu’une réparation importante s’impose (fuite d’eau majeure, panne du système de chauffage collectif, infiltration, etc.), c’est donc au vendeur d’intervenir ou d’assumer la dépense. Le locataire-accédant doit toutefois l’en informer sans délai. En cas de carence du vendeur, il peut, selon les clauses du contrat, faire exécuter les travaux en conservant la possibilité d’en demander le remboursement ou la déduction sur les sommes dues.

Cette répartition des charges a une logique : elle préserve la valeur du bien pour le vendeur, tout en protégeant le locataire-accédant contre le coût des réparations qu’il n’a pas encore la légitimité d’entreprendre.

Des aménagements possibles, sous conditions

Au-delà de l’entretien courant, le locataire-accédant peut souhaiter personnaliser son logement. Peindre les murs, changer un sol, poser des étagères, installer une cuisine ou moderniser la salle de bains : ces gestes, bien qu’ils modifient l’apparence du logement, sont généralement tolérés. Ils relèvent de l’aménagement réversible, c’est-à-dire qu’ils ne portent pas atteinte à la structure de l’immeuble et peuvent, si nécessaire, être remis dans l’état initial.

Les 3 conseils de cet expert Location-accession en région toulousaine :

  • Négociez une clause de valorisation des améliorations autorisées : elle permet, en cas de non-levée d’option, d’obtenir une compensation partielle pour les travaux ayant objectivement accru la valeur du bien.
  • Faites annexer un état des lieux technique détaillé, avec photos et description des équipements : cela fixe la référence juridique pour toute discussion ultérieure sur la remise en état ou les responsabilités.
  • Insérez une clause de priorité d’exécution en cas de grosses réparations : elle autorise l’accédant à faire réaliser les travaux urgents aux frais du vendeur si celui-ci ne les engage pas dans un délai contractuel.

Toutefois, ces initiatives demeurent encadrées par le contrat. La plupart des documents types exigent l’accord préalable du vendeur pour toute transformation substantielle : abattre une cloison, changer les menuiseries, installer un poêle, refaire l’électricité ou poser une véranda ne peuvent se faire sans autorisation écrite.

Le motif en est simple : tant que l’option d’achat n’est pas levée, ces modifications affectent un bien qui ne vous appartient pas. Elles peuvent, en cas de non-acquisition, poser des problèmes d’évaluation ou de remise en état. Certains contrats prévoient même que les améliorations réalisées sans accord préalable sont réputées faites à titre gratuit ; elles profitent donc au vendeur sans compensation financière.

La prudence contractuelle

Chaque contrat de location-accession est unique. La loi fixe les grands principes, mais le détail des obligations dépend des clauses. Il est donc essentiel que le futur accédant lise attentivement les dispositions relatives aux travaux avant de signer.

Les contrats les plus rigoureux – notamment ceux proposés dans le cadre du Prêt social location-accession (PSLA) – distinguent clairement trois catégories :

  1. les travaux d’entretien courant : autorisés et obligatoires ;
  2. les améliorations : autorisées avec accord du vendeur ;
  3. les transformations : interdites sauf stipulation contraire.

Dans les programmes de bailleurs sociaux, cette distinction vise à préserver la valeur du patrimoine tout en permettant aux occupants d’adapter leur logement à leurs besoins. Dans les opérations portées par des promoteurs privés, elle dépend davantage de la négociation entre les parties.

En cas de levée d’option d’achat

Lorsque l’accédant décide de lever l’option et de devenir propriétaire, le rapport de force s’inverse : il acquiert alors la pleine maîtrise du bien. À compter de la signature de l’acte de vente définitif, toutes les obligations liées à la propriété lui reviennent ; il peut entreprendre librement les travaux qu’il souhaite, sous réserve des règles d’urbanisme ou de copropriété.

Si des aménagements ont été réalisés durant la phase locative avec l’accord du vendeur, ceux-ci s’intègrent naturellement à la vente. En revanche, si le vendeur estime que des transformations non autorisées ont altéré le bien, il peut demander leur remise en état avant la cession.

Et si l’accédant renonce ?

Il arrive que l’accédant, au terme du contrat, choisisse de ne pas acheter : changement de situation, difficultés financières, mutation professionnelle. Dans ce cas, il doit restituer le logement dans l’état où il l’a reçu, déduction faite de l’usure normale. Les travaux réalisés sans autorisation peuvent alors se retourner contre lui :

  • le vendeur peut exiger la remise en conformité, aux frais de l’accédant ;
  • les améliorations non approuvées ne donnent lieu à aucun remboursement ;
  • la part acquisitive de la redevance peut être partiellement retenue selon les clauses du contrat.

C’est l’un des points les plus sensibles de la location-accession : l’accédant doit se rappeler qu’il agit toujours sur un bien dont il n’est pas propriétaire.

La logique économique

La phase locative a une fonction d’épreuve : elle permet à l’accédant de tester le logement, de consolider son projet et de vérifier sa capacité à assumer les charges d’un propriétaire. L’encadrement des travaux participe de cette logique : éviter que l’accédant n’investisse prématurément dans un bien qu’il pourrait finalement ne pas acheter.

Dans le cas des programmes à vocation sociale, cette prudence protège aussi les organismes vendeurs : elle garantit la conservation d’un parc immobilier en bon état et limite les risques juridiques liés à des transformations non maîtrisées.

Un équilibre à préserver

Le bon sens veut que l’accédant n’engage que les dépenses compatibles avec sa situation juridique : il n’est pas encore propriétaire, mais il prépare à le devenir. Les vendeurs, de leur côté, ont intérêt à encadrer clairement cette période : un contrat précis évite les litiges, protège la valeur du bien et rassure l’acheteur potentiel.

L'Equipe de rédaction
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