Comment réussir l’isolation d’une maison passive ?
Le secret d’une efficacité énergétique exemplaire
Pour qu’une construction puisse être qualifiée d’efficace sur le plan énergétique et aboutir à une labellisation maison passive, il est important de soigner son étanchéité et son isolation. La bonne orientation du bâtiment, le choix des matériaux ou encore des équipements que l’on retrouve à l’intérieur ne fait pas tout ! Il convient de disposer d’une enveloppe isolée et étanche, limitant les déperditions par renouvellement d’air. La bonne épaisseur d’isolant pour une maison passive, les bons matériaux ou encore les techniques de pose, tout ceci vous semble complexe ? Puisque nous avons connu nous-même l’expérience de construire une maison écologique, nous vous livrons ici nos conseils avec ce guide de l’isolation pour maison passive.
L’importance de l’isolation thermique d’une maison passive
Limiter les déperditions thermiques
Le principe d’une construction passive consiste à utiliser l’énergie solaire et plus globalement toutes les sources d’énergie de manière passive, en limitant le recours au chauffage. Il en va également de même en été, où les échanges thermiques entre l’intérieur et l’extérieur doivent être contrôlés pour maintenir un confort pour les occupants (avec une température fraîche).
Problème : même en installant un système de récupération de chaleur sur ventilation, en présentant correctement la maison et en répartissant les pièces de manière intelligente, des pertes de chaleur interviennent toujours. Ce sont les surfaces opaques de l’enveloppe (murs, sols, toitures) qui sont dans tous les cas responsables d’au moins la moitié des pertes de chaleur.
Bien isoler ces éléments est capital pour limiter les déperditions de chaleur et les maintenir aussi basses que possible. La bonne isolation d’une maison passive concerne également le confort des occupants. En effet, en faisant le choix de matériaux performants, il est possible de maintenir une température surfacique élevée qui permettra à la ventilation en place de fonctionner de manière optimale. Cet effort pour garantir une température de surface de l’enveloppe intérieure élevée est le gage d’une condensation réduite et du non-développement de moisissures.
L’épaisseur de l’isolation d’une maison passive
Quelle épaisseur installer ?
Des épaisseurs d’isolation de 30 à 40 cm, parfois plus, sont fréquentes dans d’une maison passive. Pour les murs, le toit et les planchers, l’épaisseur dépendra du matériau utilisé. On peut par exemple observer une épaisseur allant de 40 à 50 cm lorsque ce sont des ballots de pailles qui sont utilisés pour isoler. En revanche, en utilisant un isolant plus performant (avec un coefficient de transmission thermique U plus faible), alors l’épaisseur pourra être réduite.
Il faut bien comprendre qu’il existe un lien direct entre la conductibilité thermique et le coefficient de transmission thermique U. Plus un isolant est performant, plus son épaisseur peut être réduite et permettre un gain de place à l’intérieur.
Voilà pourquoi pour des performances équivalentes, une isolation en paille sera plus épaisse (50 cm) qu’une isolation en laine de verre ou en polystyrène (30 cm), elle-même plus épaisse qu’une mousse de polyuréthane (20 cm).
On recommande généralement une épaisseur de 20 cm pour la couche isolante du sol, 30 cm pour les murs et 40 cm pour la toiture.
Coefficient de transmission thermique U conseillé pour isolation d’une maison passive
| Eléments à isoler | U maximum conseillé |
|---|---|
| Plancher bas | < 0,25 W/(m².K) |
| Plancher intermédiaires | < 0,4 W/(m².K) |
| Murs | Murs |
| Combles | < 0,2 W/(m².K) |
Variation de l’épaisseur de l’isolant selon une résistance thermique
Pour atteindre des performances d’isolation « classiques » avec une résistance thermique R= 6 m².K/W, il faut prendre en compte la conductivité thermique des matériaux. Cela influe directement sur l’épaisseur. Le tableau ci-dessous permet donc, pour des performances d’isolation identiques, de mesurer la variation de l’épaisseur nécessaire selon le matériau isolant choisi.
| Type d’isolant | Conductivité thermique | Epaisseur en centimètres pour R = 6 |
|---|---|---|
| Laine de verre | 0,036 | 21,6 cm |
| Laine de roche | 0,037 | 22,2 cm |
| Laine de lin | 0,039 | 23,4 cm |
| Laine de mouton | 0,040 | 24 cm |
| Laine de chanvre | 0,042 | 25,2 cm |
| Laine de bois | 0,050 | 30 cm |
En plus du matériau, l’épaisseur de l’isolant dépend également de la surface concernée. Les toitures disposent d’une épaisseur d’isolation souvent bien plus importante car cela n’a pas d’impact sur le volume intérieur. À l’inverse, l’isolation au niveau du sol est souvent réduite pour permettre à la chaleur transmise par le sol de pénétrer à l’intérieur. Isoler, c’est un métier !
Notre conseil : Un bon isolant est efficace si la mise en œuvre est soignée. Ne confiez pas le déploiement de l’isolation de votre maison passive à un professionnel non spécialisé. Il faut en effet connaître les méthodes de pose et disposer parfois d’un équipement spécifique à un isolant pour que celui-ci soit vraiment appliqué de manière parfaite (par soufflage, projection, placage).
Quelques exemple de travaux d’isolation pour une maison basse consommation
L’isolation peut transformer la performance énergétique d’un logement
Prenons l’exemple d’une maison ancienne construite au début du XXe siècle nécessitant de grands travaux de rénovation en l’absence de tout système de chauffage central, d’installation électrique ou même de sanitaire.
En ce qui concerne spécifiquement le sujet de l’isolation, il a été décidé de réaliser plusieurs opérations :
- Isolation de l’arrière du bâtiment par l’extérieur en conservant les briques d’origine ou en les remplaçant lorsque cela a été nécessaire par des blocs de terre cuite (brique pleine épaisseur 19 cm). Une réhausse de murs a été nécessaire, réalisée avec une ossature bois (bardage 1 cm d’épaisseur, panneaux en fibres de bois 1,6 cm, 20 cm de cellulose insufflée).
- En ce qui concerne la façade qui donne sur la rue, un chantier d’isolation par l’extérieur a été réalisé avec pose d’un enduit lisse sur isolant en fibres de bois d’épaisseur 6 cm.
- Remplacement de la toiture vétuste avec nouveau chevronnage et nouvelle couverture. Utilisation sur les pans inclinés de panneaux en fibres de bois d’épaisseur 1,5 cm, additionnés de cellulose insufflée à 23 cm d’épaisseur.
- Un espace toiture végétal a été pensé sur le bâtiment annexe avec 30 à 35 cm de terre, des panneaux OSB (2,2 cm) mais aussi de la cellulose insufflée et des plaques de plâtre.
- En ce qui concerne le sol, une dalle béton de 15 cm est complétée par une sous chape isolante de 6 cm et un espace comprenant le chauffage et isolation de 2,3 cm avant une nouvelle chape et un dallage de 2 cm.
- En ce qui concerne les ouvertures, les fenêtres remplacées l’ont été par des châssis bois avec triple vitrage. Certains châssis existants ont été conservés et montés avec un double vitrage.
Bien que la maison soit ancienne, une rénovation complète et performante de l’isolation en complément des autres actions menées (chauffage, ventilation) a permis au bâtiment d’atteindre des performances énergétiques dignes d’une maison passive. Et il ne s’agit-là que d’un exemple parmi tant d’autres de chantiers à impact positif.
